Les nations du monde s'intéressent au développement des gisements de titane ukrainiens

Par Eugène Gerden

Les nations du monde s'intéressent au développement des gisements de titane ukrainiens, car la demande pour le métal augmente, en particulier après l'exode de la Russie des marchés occidentaux.

Jusqu'à présent, la lutte pour les riches réserves de titane ukrainiennes a commencé lorsque la Haute Cour anti-corruption d'Ukraine a nationalisé VSMPO TITAN Ukraine LLC, le plus grand fabricant de produits en titane du pays. Selon certains analystes, cela pourrait créer des conditions pour le début d'un développement plus actif de projets de titane ukrainiens par des investisseurs occidentaux et des sociétés minières mondiales.

Avant le 24 février 2022, VSMPO TITAN était le plus grand producteur de tuyaux en titane d'Ukraine et l'un des plus grands de l'espace post-soviétique. La plupart de ses produits étaient traditionnellement fournis pour les besoins du forage, y compris le forage pétrolier en haute mer, ainsi que l'industrie aérospatiale, la construction navale et les secteurs chimiques. L'usine de canalisations de la société est située dans la ville de Nikopol, sur la rive droite du Dniepr, juste en dessous de la ville d'Energodar, qui est désormais sous le contrôle des forces russes. Depuis l'époque soviétique, les matières premières de l'usine Nikopol proviennent de l'usine ukrainienne d'extraction et de traitement de Volnogorsk dans la région de Dnepropetrovsk, ainsi que de l'usine Irshansky près de Jytomyr.

L'entreprise VSMPO TITAN Ukraine était une filiale à 100% du russe VSMPO-Avisma avant le conflit entre les deux pays et le plus grand fabricant mondial de produits en titane. Le géant russe du titane est basé sur deux sites industriels – dans la région de Sverdlovsk et dans la région de Perm. Ces usines ont historiquement reçu des matières premières d'Ukraine, l'américain Boeing et l'européen Airbus étant les acheteurs finaux des produits finis, les livraisons se sont poursuivies même après 2014.

En 2009, VSMPO-Avisma a formé une coentreprise avec Boeing à parts égales - Ural Boeing Manufacturing (Ural Boeing). À cette fin, une zone économique spéciale "Titanium Valley" a même été créée dans la région russe de Sverdlovsk - avec un régime douanier et fiscal simplifié pour un coût global d'environ 150 millions de dollars américains.

Toujours au printemps dernier, Boeing Corporation annonçait qu'elle refusait le titane russe, Airbus lui emboîtant le pas peu après. La Russie continue actuellement de fournir son titane aux marchés mondiaux par le biais d'intermédiaires, car il n'y a pas de véritables obstacles à cela, puisque les États-Unis et l'Europe ont décidé de ne pas inclure VSMPO-Avisma dans les listes de sanctions.

Pourtant, il est fort probable que la fin des approvisionnements et des produits russes en titane conduira à l'aggravation des pénuries de métal sur les marchés occidentaux déjà à moyen terme.

Jusqu'à présent, le département américain de l'Intérieur a classé le titane parmi les 35 minéraux essentiels à la sécurité économique et nationale des États-Unis. Cependant, les États-Unis importent toujours plus de 90 % du minerai de titane pour leurs besoins depuis l'étranger. Les États-Unis ne détiennent plus d'éponge de titane dans leur stock de défense nationale, et le dernier producteur d'éponge de titane du pays a fermé ses portes en 2020.

À cet égard, l'Ukraine, avec ses réserves de titane et l'un des sept pays au monde qui produit de l'éponge de titane, pourrait être considérée comme l'un des fournisseurs potentiels de titane des États-Unis et peut-être de l'UE, bien qu'elle nécessite d'énormes investissements en capital pour le développement de projets ukrainiens.

L'Ukraine, de son côté, est prête à réorienter ses approvisionnements en titane vers l'Occident, en contournant la Russie. Par exemple, la société ukrainienne Velta, qui contrôle des gisements de titane dans la région de Kirovograd, a annoncé son intention de construire une usine en République tchèque et d'accélérer le développement de projets nationaux.

Il a été prévu que la majeure partie de la production ukrainienne sera réalisée sur quatre usines d'extraction et de traitement de titane, situées dans les régions de Dnepropetrovsk et de Jytomyr et comprenant l'usine de titane et de magnésium de Zaporozhye. Avec l'usine Nikopol, ces actifs créent une chaîne de production qui permet d'obtenir non seulement des produits semi-finis, mais aussi des produits finis à partir d'alliages de titane.

En attendant, la Russie s'intéresse également aux réserves de titane ukrainiennes étant donné que ses propres réserves sont limitées. Selon la Chambre des comptes russe, 99,9 % des matières premières des usines de titane russes ont été importées de l'étranger en 2020. Le principal fournisseur était l'Ukraine avec une part d'environ 80 %, ainsi que le Kazakhstan, le Chili, la Chine, la Mongolie et l'Afrique du Sud.

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